Comment prier
Initiation à la prière spirituelle, selon l'approche de Saint Ignace de Loyola.
Il s'agit de laisser travailler l'Esprit en nous. Demander pour cela cette grâce et la recevoir. Auparavant, il s'agit de nous disposer à recevoir la prière. Lire un passage de l'Evangile ou un autre texte de la Bible, puis choisir le lieu et le temps que l'on va lui consacrer. Pour commencer la prière, je le signifie avec tout mon être, en établissant une "liturgie" personnelle (des gestes qui aident à me poser, à me mettre en présence). A chacun de trouver sa façon (génuflexion, prosternation, signe de croix lent et mesuré...). Je signifie ainsi que tout mon être va à la rencontre de Dieu. Il m'aime et il m'attend, dans cette prière. Je viens le rencontrer et j'essaye de faire silence en moi. Il s'agit d'abord d'un acte de foi et non d'un sentiment. Je me met en présence de Dieu. Je m'acclimate pour aller à sa rencontre.
Je cherche à comprendre le cadre, le lieu, les personnages qui sont en présence dans le texte de la Parole de Dieu que je vais lire. Je m'imagine dans la scène, comme un enfant dans la foule, aux pieds de Jésus, comme le personnage du récit de l'Ancien Testament où son serviteur... Je me situe donc dans le cadre, le décor du texte, je m'imagine présent, actif ou passif dans la scène. Je viens avec un désir. Je l'exprime. Cela peut être une demande de grâce : Seigneur donne moi... accorde moi... Donne moi un coeur pour t'écouter, rends moi disponible...
Prendre le passage et le relire lentement, verset après verset... J'accueille la parole, je la mâche, je la goûte, je la rumine. Je laisse la parole descendre en moi... Je me laisse toucher par la Parole. Elle suscite en moi des images passées. Je les accueille. Des moments de ma vie sont réveillés par la Parole... Qu'est-ce qu'ils vont me dire par là. Les sentiments qui m'habitent ont leur sens. Je sens des résistances. J'accueille tout cela. La Parole devient vivante en moi. Les dernières minutes, je les passent à parler au Seigneur de ce qu'il m'a donné. J'ai avec lui un entretien familier, comme un ami qui parle à son ami. Je reviens sur ce qu'il m'a donné de goûter. Je l'en remercie par une prière vocale de l'Eglise (un Notre Père, Un "Je vous salue Marie", une phrase du Credo, où cette prière de Saint Ignace : "Fais que toute mon âme, mes paroles ou mes pensées, soit au service et à la louange de votre divine
volonté".
Le temps de prière peut durer entre 20 minutes et une heure. C'est à moi de trouver le temps qui me convient et de
le tenir. Parfois, on voudra dépasser le temps, parfois il sera trop long, mais la rigueur de l'exercice est de tenir une durée, en prolongeant ce qui nous semble un peu court, où en ne "plantant pas la tente" dans un état de grâce qui n'est qu'une petite porte ouverte vers le ciel...
Propos recueilli par C. Heriard, lors d'une retraite à Penboc'h
Prier à la manière de Sainte Thérèse d’Avila
Mgr Pierre d’Ornellas, Archevêque de Rennes
Évoquer la prière, c’est dire quelque chose sur l’amour. Car comment prier sans le faire gratuitement ? Si tu t’interroges sur ta prière, on pourrait te demander: dis-moi quel est ton amour, je te dirai quelle est ta prière ! C’est bien ainsi que l’envisage Ste Thérèse d’Avila. "Je vais parler maintenant de ceux qui commencent à être les serviteurs de l’amour, car il me semble que nous ne sommes pas autre chose, lorsque nous nous déterminons à suivre par ce chemin de l’oraison Celui qui nous a tant aimés." (Vie XI)
L’oraison est ce temps de prière silencieuse, ce cœur à cœur avec Dieu. Pour Thérèse, "elle n’est, à mon avis, qu’un échange intime d’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul avec ce Dieu dont on se sait aimé". (Vie VIII)
Ta prière est d’abord un échange d’amitié avec le Christ : "Nous pouvons par la pensée nous mettre en présence du Christ, nous embraser peu à peu du plus grand amour pour sa Sainte Humanité, lui tenir toujours compagnie, lui parler, lui recommander nos besoins, nous plaindre à lui dans nos peines, nous réjouir avec lui dans les consolations, nous garder de l’oubli dans la prospérité." (Vie XII) Aussi, pour Thérèse, la prière consiste essentiellement à "tenir compagnie" au Christ. Comment commencer ? En se mettant en présence du Christ. Le connais-tu ? As-tu lu sa vie dans l’Évangile ? T’es-tu arrêté à certaines de ses attitudes ? Et ses paroles ont-elles retenu ton attention ? Préalable que beaucoup oublient, croyant que la prière consiste en des sentiments pour Dieu. "Nous pouvons, écrit Thérèse, par la pensée nous mettre en présence du Christ." Cela exige un rude effort, car il s’agit de passer de l’extériorité à l’intériorité. Sollicités par tant de choses, nous sommes tirés à l’extérieur ! Le Christ nous attend à l’intérieur, au cœur : "Il parle au cœur quand c’est le cœur qui le prie."
Écoute ces remarques de Thérèse : "Les âmes qui commencent à s’adonner à l’oraison, sont celles qui tirent péniblement de l’eau du puits. Elles se fatiguent, en effet, pour recueillir leurs sens habitués à se répandre au-dehors ; c’est là un très grand travail." (Vie XI)
Thérèse insiste: "Leur devoir est de s’appliquer à méditer la vie de Jésus-Christ." (Vie XI) "Représentez-vous ce Seigneur Jésus auprès de vous (...) Croyez-moi, ne négligez rien pour n’être jamais sans un ami si fidèle. Si vous vous habituez à le considérer près de vous, s’il voit que vous faites cela avec amour et que vous vous appliquez à lui plaire, vous ne pourrez plus, comme on dit, vous en débarrasser." (Chemin de la perfection XXVIII) Elle parle d’expérience : "Pour moi, j’ai toujours beaucoup aimé les paroles de l’Évangile, qui m’ont toujours plus recueillie que les livres les mieux faits." Peu à peu, ton recueillement deviendra facile : "Dès que l’âme se mettra à prier; elle verra ses sens se recueillir, comme les abeilles qui retournent à leur ruche et y rentrent pour faire du miel." (Chemin de la perfection XXX) Tu deviendras alors plus intérieur, tu percevras quelle richesse tu portes en toi. Ta prière se simplifiera : "Qu’ils se tiennent donc, ainsi que je l’ai dit, en présence de Notre Seigneur, sans fatiguer leur entendement ; qu’ils lui parlent et mettent leur joie à se trouver avec lui." (Vie XIll) Car voilà la vraie prière : "demeurer près du Sauveur". (Vie XIII) Écoute ce conseil de Thérèse: "Je ne vous demande pas en ce moment de fixer votre pensée sur lui, ni de faire de nombreux raisonnements, ou de hautes et savantes considérations. Je ne vous demande qu’une chose : le regarder." (Chemin de la perfection XXVIII)
Passer du temps avec lui est un trésor sans prix. Car le Christ est vivant et instruit celui qui le prie ; il le transforme et lui donne son amour. Ta prière devient "une étincelle de son véritable amour que le Seigneur commence à allumer dans l’âme (...).Ce recueillement et cette petite étincelle sont l’effet de l’Esprit de Dieu." Thérèse ajoute : "Par cette étincelle, Dieu donne à l’âme un signe, un gage qu’il la choisit désormais pour de grandes œuvres, si elle se prépare à le recevoir. C’est là un don immense et bien supérieur à tout ce que je pourrais en dire." (Vie XV) Aussi Thérèse reconnaît "l’immense faveur que Dieu accorde à une âme, quand il l’incline à s’adonner généreusement à l’oraison." (Vie VIII) Et elle précise : "Malgré les fautes où tombe celui qui débute dans la voie de l’oraison, il ne doit jamais l’abandonner. L’oraison est le moyen qui lui servira à se relever." (Vie VIII)
Je pose ici cette photo d'une sainte car son regard ainsi que son visage me touche.
En ce jour, le 9 août, nous fêtons sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix, religieuse carmélite, Edith Stein dans le monde. Edith Stein est née dans une famille juive le 12 octobre 1891. D'excellente formation philosophique, elle entama une carrière universitaire. En 1921, la lecture de sainte Thérèse d'Avila la décida d'entrer dans l'Eglise catholique. Elle entra au Carmel en 1933 et y prit le nom de Thérèse Bénédicte de la Croix, alors que le nazisme était en train de monter. Le 9 août 1942, Edith Stein est morte dans les chambres à gaz d’Auschwitz, à la fois victime de la Shoah et témoin du Christ. Elle a été canonisée par le pape Jean-Paul II le 11 octobre 1998. « Dieu est la vérité. Qui cherche la vérité, cherche Dieu, qu’il en soit conscient ou non. »
« Je crois ... que plus on se sent attiré par Dieu et plus on doit "sortir de soi-même", dans le sens de se tourner vers le monde pour lui porter une raison divine de vivre.»
En ce jour, le 9 août, nous fêtons sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix, religieuse carmélite, Edith Stein dans le monde. Edith Stein est née dans une famille juive le 12 octobre 1891. D'excellente formation philosophique, elle entama une carrière universitaire. En 1921, la lecture de sainte Thérèse d'Avila la décida d'entrer dans l'Eglise catholique. Elle entra au Carmel en 1933 et y prit le nom de Thérèse Bénédicte de la Croix, alors que le nazisme était en train de monter. Le 9 août 1942, Edith Stein est morte dans les chambres à gaz d’Auschwitz, à la fois victime de la Shoah et témoin du Christ. Elle a été canonisée par le pape Jean-Paul II le 11 octobre 1998. « Dieu est la vérité. Qui cherche la vérité, cherche Dieu, qu’il en soit conscient ou non. »
« Je crois ... que plus on se sent attiré par Dieu et plus on doit "sortir de soi-même", dans le sens de se tourner vers le monde pour lui porter une raison divine de vivre.»