Louis-Marie de Montfort
Louis Grignion naît le 31 janvier 1673, à Montfort, près de Rennes, en
Bretagne. Sa famille appartient à la petite bourgeoisie. Il est le second de 18
enfants.
Depuis 1661, Louis XIV règne sur la France en monarque absolu. Les guerres
incessantes et les folles dépenses de la Cour pèsent sur les plus pauvres. Le
catholicisme est seule religion d'État. Un souci d'unité religieuse mal
comprise pousse le Roi à persécuter les jansénistes, à vouloir extirper le
protestantisme, à refuser l'intervention du pape dans la nomination des
évêques. L' éclat des lettres et des arts mérite cependant à cette période
l'appellation de "siècle de Louis XIV" (Voltaire).
Le XVIIe siècle est aussi appelé "le grand siècle des âmes". Le concile de
Trente pénètre - tardivement dans l'Église de France. Il y suscite un renouveau
spirituel, missionnaire, caritatif, éducatif remarquable. Préoccupés de la
formation des prêtres, Bérulle a fondé, en 1611, l'Oratoire de Jésus et
Jean-Jacques Ollier, en 1641, le Séminaire de Saint-Sulpice. L'École française
de spiritualité connaît un grand rayonnement. Sa théologie centrée sur la
grandeur et la sainteté de Dieu et sur le Verbe Incarné né de Marie éveille à
une vie chrétienne caractérisée par l'adoration, l'offrande totale de soi-même,
l'adhésion au Christ en Marie, l'intériorité et l'élan missionnaire. Comme
Vincent de Paul, Jean Eudes et bien d'autres, Louis-Marie a été marqué par
cette École. H. Brémond le considérait comme le dernier des grands Bérulliens
".
1685-1700. De 12, à 20 ans, Louis-Marie est élève des Pères jésuites, au
collège Saint-Thomas-Becket, à Rennes. Ses études secondaires terminées, il
rejoint, à l'automne 1693, le séminaire de Saint-Sulpice, à Paris, où il fait
sa théologie. Il est ordonné prêtre le 5 juin 1700. Il a 27 ans.
1700-1706. Sa première expérience apostolique, à Nantes, est décevante... Il
est pratiquement réduit à l'inaction par ceux-là mêmes qui devaient le lancer
dans la pratique des missions. Il éprouve un grand attrait pour la vie cachée
et, en même temps, un vif désir d'aller simplement faire connaître Jésus Christ
et sa Mère aux gens de la campagne. L'Évangélisation des Indiens du Canada
l'attire également.
Les circonstances l'orientent vers les marginaux enfermés dans les "hôpitaux"
de Poitiers et de Paris. Il donne quelques missions paroissiales.
Sa singularité et plus encore sa manière de vivre l'Évangile sans aucune
compromission, lui valent d'être souvent incompris, éconduit, rejeté. Il fait
ainsi l'expérience de la croix. Son unique Sagesse de vie est désormais Jésus
Christ, la Sagesse même de Dieu, incarnée et crucifiée, qu'il choisit comme
"épouse", à qui il se donne de manière irrévocable (1703-1704).
En juin 1706, le pape Clément XI, qu'il est allé consulter à Rome, lui
demande d'exercer son action en France, en fidélité aux évêques. Il lui confère
le titre de "missionnaire apostolique". Dès lors sa voie est tracée, et il n'en
déviera pas.
1706-1716. Il prêche des missions paroissiales et des retraites dans les
diocèses de l'ouest de la France. 150 à 200 en dix années seulement! Son but
est de raviver, en Église, la relation de chacun avec le Christ. Pour cela tous
sont invités à renouveler personnellement leurs promesses du baptême,
c'est-à-dire, à se donner totalement à Jésus Christ par les mains de Marie. Il
suscite de multiples associations dans lesquelles ceux qu'il a évangélisés
trouveront, ensemble, stimulation et soutien.
Sa foi et son audace apostolique marquent durablement les foules. Mais les
exigences évangéliques qu'il proclame sans complaisance font naître
oppositions, suspicions et calomnies. Comme saint Paul, il est heureux de
souffrir pour le Christ et son Évangile. Il ne veut connaître que Jésus Christ,
la Sagesse crucifiée.
Il meurt en pleine mission paroissiale, à Saint-Laurent-sur-Sèvre, le 28
avril 1716. Il n'a que 43 ans. Il a été canonisé le 20 juillet 1947.
Sa première disciple, Marie-Louise de Jésus (1684-1759), l'avait suivi à
Poitiers dès 1702. Béatifiée en 1993, elle est, avec Louis-Marie cofondatrice
des Filles de la Sagesse.
La branche masculine, dont il rêvait dès 1700 et pour laquelle il a tant prié
et souffert, était encore embryonnaire à sa mort. Elle prendra de l'extension
au XIXe siècle en deux Instituts: la Compagnie de Marie (ses membres, sont plus
communément appelés "Missionnaires Montfortains") et les Frères de
Saint-Gabriel.
Plusieurs Instituts séculiers et de très nombreux laïcs vivent de sa
spiritualité.
Ses nombreux écrits sont le fruit de son expérience spirituelle et de son
activité pastorale. Le plus connu, édité plusieurs centaines de fois et traduit
en une trentaine de langues, est "le Traité de la Vraie Dévotion à la Très
Sainte Vierge".
Louis-Marie, "maître et témoin"
Jean-Paul II écrivait: "J'aime à ce propos évoquer, parmi les témoins et
maîtres de cette spiritualité, la figure de saint Louis-Marie Grignion de
Montfort qui proposait aux chrétiens la consécration au Christ par les mains de
Marie, comme un moyen efficace de vivre fidèlement les promesses du baptême"
(no 48).
Louis-Marie est un maître par la qualité de son enseignement et par
l'originalité de la voie spirituelle qu'il propose. Il est un témoin par la
sainteté de sa vie et la fécondité clé son action. A la fois mystique et
missionnaire, il a su se laisser " mouler" en Marie pour devenir membre vivant
de Jésus Christ tout en apprenant aux autres à faire de même.
(extrait de : Prier 15 jours avec Louis-Marie Grignion de Montfort, par
véronique Pinardon et Jean Bulteau, Nouvelle cité , 1996)